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Claude Robillard

Par Me Jean Hétu, président de la SHPL

Claude Robillard, ancêtre de cette famille, s’est établi en 1698 près du fleuve Saint-Laurent sur la seigneurie de la Lavaltrie; cette terre se trouva voisine de celle de Georges Estu dit Lafleur, l’ancêtre de la famille Hétu. C’est ce qui expliquera les nombreux liens qui uniront ces deux familles. À cet égard, il n’est pas sans intérêt de souligner que Georges Estu nomma comme exécuteur testamentaire, dans son testament rédigé quelques jours avant sa mort en 1747, Pierre Robillard « forgeron et habitant de Lavaltrie ». et Joseph Robillard, habitant de Lavaltrie, apparaît également dans le testament comme témoin.

La famille Robillard est une famille très importante dans l’histoire de Lavaltrie dont tous les membres descendent d’un seul ancêtre, soit Claude Robillard. Les généalogistes ignorent le lieu d’origine de cet ancêtre. Il serait arrivé en Nouvelle-France vers 1663 car il est confirmé par Mgr de Laval à Beauport en janvier 1664. Au recencement de 1681, il est établi à Champlain avec sa famille:

« Claude Robillard, 31 ans, Marie Grondin [Grandin], sa femme, 21 ans; enfants : Marie 8; Claude, 3;Adrien 2; François Morel, domestique, 11 [il était le fils issu du premier mariage de Marie Grondin]; 3 bêtes à cornes; 18 arpents en valeur ».

Claude Robillard serait donc né vers 1650 et serait arrivé au pays vers l’âge de 13 ans. Il a épousé vers 1672 à Champlain Marie Grandin, veuve de Michel Morel, et le couple aura 9 enfants. Claude Robillard, après le décès de son épouse en octobre 1708 à l’Hôtel-Dieu de Montréal, va se remarier le 27 janvier 1709 à ce dernier endroit avec Françoise Guillin, veuve d’André Trajot. Après avoir vécu quelques années à Champlain dans la région de Québec, Claude Robillard va s’établir à Montréal vers 1685 où on le retrouve boucher. De fait, il passe le 7 octobre 1691 un marché de fourniture de viande de boeuf avec l’Hôtel-Dieu de Montréal. Le 11 septembre 1693, Jean Paulin lui fait don d’une terre à Lavaltrie au cas où il mourait dans le voyage qu’il entreprend. Le 9 mai 1695, il passe un contrat avec le tanneur Jacques Baillet à qui il promet de vendre pour la prochaine année toutes les peaux qu’il tuera pour sa boucherie. L’historien Michel Langlois, dans sa biographie de Claude Robillard, énumère un grand nombre de contrats conclus par ce dernier. Mais ce qui nous intéresse davantage c’est le fait que le seigneur Séraphin Margane de Lavaltrie lui concède devant le notaire Antoine Adhémar, le 18 juillet 1698, une terre de quatre arpents de front sur vingt de profondeur au bord du fleuve Saint-Laurent. Cette terre était voisine à l’est de celle de l’ancêtre Georges Estu dit Lafleur, et du côté ouest de celle de Jean-Baptiste Griveau dit Boisjoli; l’adresse actuelle serait le 250 rue Notre-Dame à Lavaltrie. Encore selon l’historien Michel Langlois, Claude Robillard fait une entente avec ses enfants le 15 octobre 1710. Il cède la moitié de sa terre à son fils Joseph qui promet, en retour, de prendre soin de lui jusqu’à son décès. Claude Robillard est décédé à Lavaltrie le 24 mai 1719 (d’autres généalogistes retiennent la date du 25 mai) et fut inhumé le 26 mai 1719 à l’âge de 69 ans dans l’ancien cimetière de la paroisse voisine de Saint-Sulpice. Trois de ses fils se sont établis à Lavaltrie selon l’Aveu et dénombrement effectué par le seigneur Pierre Margane de Lavaltrie le 4 août 1725; ce sont : Joseph Robillard, capitaine de milice qui hérita de la terre située sur le bord du fleuve entre celles de Jean-Baptiste Estu et d’un dénommé Boisjoly; Pierre Robillard qui possédait une terre située sur le bord du fleuve entre une autre appartenant à la veuve de Séraphin Margane de Lavaltrie et celle appartenant au sieur De Périgny; et Nicolas Robillard qui possédait une terre « dans un second rang a commencer au Nord » entre Antoine [ Estu dit] Lafleur et Gabriel Picard.

Ajoutons que deux autres fils de l’ancêtre peuvent être considérés comme des « coureurs des bois » car ils s’engagèrent pour l’Ouest, plus précisément pour aller chez les Indiens kaskaskias sur les rives de l’Illinois et du Mississipi. Il s’agit d’abord d’Adrien Robillard qui s’engagea pour l’Ouest le 7 août 1700; il décéda le 2 janvier 1721 et fut inhumé le 4 janvier 1721 dans le cimetière de la paroisse Notre-Dame de l’Immaculée-Conception des Kaskaskias. On ajoutait dans l’acte de décès qu’il avait marié en premières noces une indienne du nom de Domitilde Sanchi8eta. Jean-Baptiste Robillard voulut suivre l’exemple de son frère Adrien lorsqu’il s’engagea pour l’Ouest le 26 mars 1715. Il décéda dans le pays des Kaskaskias et fut enterré « à la Pointe Coupée, du Mississipi » le 14 juillet 1722. Ces deux derniers fils de l’ancêtre Claude Robillard ne semblent pas avoir eu de descendants. Enfin, mentionnons que la deuxième épouse de Claude Robillard, Marie Guilin, fut inhumée dans le cimetière de Saint-Sulpice le 9 novembre 1732 à l’âge de 98 ans en présence de Joseph Robillard et de Pierre Lescarbot.