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OCTOBRE 2022

LE BATTAGE DU BLÉ

      Au moment de la moisson, nos ancêtres entassaient à l’intérieur de la grange les récoltes de blé, d’avoine, d’orge et de toutes les autres céréales qui servaient de base à l’alimentation des membres de la maisonnée.

     Minutieusement rangées à l’abri des éléments, les gerbes de céréales n’étaient pas encore prêtes à être utilisées. En effet, pour obtenir la farine, il fallait d’abord détacher des tiges les grains de céréales qui avaient mûri. Cette opération s’appelait le battage du blé.

     Pour s’en acquitter, l’habitant pouvait s’y prendre de plusieurs façons. La plus simple, la moins coûteuse mais la plus harassante, consistait à battre les tiges de blé au fléau. C’est ainsi que procédaient les premiers arrivants au pays. D’après les documents anciens, vers le milieu du XVIIIe siècle, la plupart des fermes de la Nouvelle-France étaient munies d’un fléau. Cet instrument aratoire se composait de deux bâtons : le « batte » et le « maintien » qui étaient raccordés par des lacets de cuir ou encore par un anneau de métal.

     La plupart du temps, les travaux de battage avaient lieu à l’intérieur de la grange, à proximité des réserves de céréales. On étendait d’abord sur le sol du bâtiment en question un certain nombre de gerbes de blé qu’on avait pris soin de défaire.

On détachait de leur tige les grains qui avaient mûri 

     Puis à l’aide du fléau, les ouvriers frappaient les tiges à plusieurs reprises afin que les grains de céréales, c’est-à-dire la partie susceptible d’être transformée en farine, se détachent. Bien que rudimentaire, cette action portait fruit. Après quelques minutes de ce traitement, les grains de céréales tombaient sur le sol. Il suffisait alors de retirer, à l’aide d’un broc, la paille (ou tige de la plante), puis de ramasser avec une large pelle de bois la masse de grains.

     Évidemment, au cours des ans nos ancêtres améliorèrent la façon de battre les graminées, principalement en substituant au fléau la force motrice des moulins à vent, par exemple. Ainsi, à l’automne, on installait les ailes au moulin et on huilait les imposantes roues de bois du mécanisme intérieur. Dès qu’un bon vent du nordet soufflait sur les campagnes, on « décotait » le moulin, c’est-à-dire qu’on le laissait tourner. Tirant du vent une énergie formidable, le moulin activait les rouleaux chargés de broyer les tiges.

     À certains endroits, on avait recours à de solides chevaux pour faire tourner d’impressionnants rouleaux couverts de dents pointues. Ces dernières mâchaient les tiges et extrayaient, par pression, les grains de céréales. C’était là l’ancêtre de nos moissonneuses-batteuses d’aujourd’hui.

Extrait de « Les coutumes de nos ancêtres », auteur Yvon Desautels,
autorisé par l’éditeur Éditions Paulines, 1984/médiaspaul www.mediaspaul.ca