Ça s’est passé à Lavaltrie en septembre…
1749 (9 septembre)
en 1749, Pierre Margane de Lavaltrie se plaint de ce que les habitants de sa seigneurie négligent d’entretenir la rivière Saint-Jean sur laquelle est construit le moulin banal et qu’un certain nombre de ses censitaires y jetent, en défrichant leur terre, des arbres et autre déchets. C’est pourquoi il est ordonné le 9 septembre 1749 par François Foucher, conseiller Procureur du Roy et subdélégué de l’intendant: « que tous les habitans de la dite Seigneurie dont les terres se trouvent ou aboutissent sur la dite rivière St jean commencerait à la nettoyer […] soy jusqu’à sa décharge dans le fleuve St Laurent, dès la St Michel prochain, et que le cas arrivan que quelqu’un d’eux mal intentionné refuserait de faire lesdits travaux, authorisons ledit Seigneur a les faire faire à leur frais et dépens […] et les condamnons dès lors sans qu’il soit besoin d’autre jugement a douze livres d’amande applicable à la Fabrique de la paroisse de ladite Seigneurie, et sera la présente lue et publiée à l’issue de la messe paroissiale ».
1769 (27 septembre)
Construction par Pierre-Paul Margane de Lavaltrie d’un manoir sur sa seigneurie. Ainsi, le 27 septembre 1769, Pierre-Paul Margane de Lavaltrie, assisté de sa soeur Louise, passe un contrat avec Bonaventure Rivière dit Larivière, habitant sur la rivière l’Assomption seigneurie de Lavaltrie, en vertu duquel ce dernier s’engage à fournir une grande quantité de bois pour la construction d’un manoir de 42 pieds de long par 31 pieds de large avec « caré de dix pieds de hauteur » (Daguilhe, notaire) (voir Christian ROY, Histoire de l’Assomption 1967, l’Assomption, La commission des fêtes du 250e, 1967, p. 172 et 486).
C’était, selon l’abbé Dugas, « une vaste construction, à deux étages pleins, en pierre solide avec larges cheminées, à chaque extrémité, situé sur le bord du fleuve dans lequel il mirait sa façade, il se trouvait voisin de l’ancienne église paroissiale, à gauche, en allant au fleuve »
(Gerbes de Souvenirs ou mémoires, épisodes, anecdotes et réminiscences du Collège de Joliette, t. 1,Montréal, Arbour & Dupont, 1914, p. 285).
Manoir seigneurial de Lavaltrie construit en 1769 (photo prise de 25 septembre 1867)
1805 (02 septembre)
Inhumation de Michel Chevalier, âgé de 73 ans en présence de Jean-Baptiste Hétu, son gendre. Michel Chevalier est un ancien capitaine de milice.
Lorsque Frontenac organise la milice, vers 1675, il nomme certains habitants « capitaines de la coste ». Plus tard, ils sont appelés « capitaines de la milice ». Le capitaine de la coste ou le capitaine de milice est en quelque sorte le chef de la paroisse. Comme l’écrit Claude de Bonnault, « ce n’était pas le seigneur qui était le chef des petites communautés canadiennes, côtes ou paroisses, c’était le capitaine ». Bien qu’il détient une commission du gouverneur, le capitaine de milice est choisi par les habitants de la paroisse qui acceptent ainsi plus facilement de lui obéir.
La tâche principale du capitaine de milice est de représenter dans la paroisse l’administration centrale, soit le gouverneur général, l’intendant et le grand voyer et de voir à l’application de leurs ordres; il apparaît à cet égard au-dessus du Seigneur. Par exemple, lorsque le 20 mars 1753 le gouverneur de Vaudreuil et l’intendant Bigot ordonnent au meunier de Lavaltrie, un dénommé Caisse, de livrer le plus tôt possible le blé qui se trouve dans le moulin banal au moulin de Terrebonne, c’est au capitaine de milice de Lavaltrie, soit Joseph Robillard, que l’on confie la responsabilité de voir à ce que le meunier exécute cet ordre et ne retienne rien au-delà de ce qui lui a été accordé pour lui et sa famille.
Le capitaine de milice, à titre de chef des miliciens, s’occupe aussi de leur faire faire certains exercices militaires. Il voit également à la construction et à l’entretien des chemins. Il agit parfois comme huissier et il lui arrive même de recevoir des contrats et des testaments. Lorsqu’une personne décède accidentellement ou dans des circonstances suspectes, c’est le capitaine de milice qui préside l’enquête sur les circonstances du décès.
Les capitaines de milice ne sont pas rémunérés pour leurs services. Cependant, Ils jouissent de l’estime, du respect et de la confiance de tous. Ils profitent de quelques privilèges. Ils ont, dans l’église, le banc le plus honorable après celui du seigneur. Ils sont « les premiers à la procession après les marguilliers » et ils reçoivent le pain bénit avant les autres habitants. De plus, ils sont souvent inhumés sous l’église paroissiale, tout comme les membres de la famille seigneuriale.
Enfin, il est intéressant de constater que la fonction de capitaine de milice se transmet tout naturellement de père en fils ou encore de beau-père à gendre. Claude de Bonnault souligne que « l’autorité, la considération, le don du commandement, étaient des héritages». Bref, non seulement les officiers de milice exercent des fonctions très honorables, mais ils constituent une élite spontanée et locale.
1809 (26 septembre)
Naissance à Lavaltrie de Victor Bourgeau dans une famille de menuisiers artisans. Son ancêtre, Quentin Bourgeot, fils de Jean Bourgeot maître charron en France, a épousé à Charlesbourg le 27 novembre 1735 Anne Chamard, avant de venir s’établir à Lavaltrie où il fut inhumé à l’âge de 72 ans le 20 juillet 1780. Le prénom de Victor et très fréquent dans la famille mais on distingue l’architecte en raison de sa façon d’écrire son patronyme (Bourgeau) alors que l’autre branche familiale écrit Bourgeault. Victor Bourgeau est un homme de peu d’instruction qui pourtant va réaliser de grandes choses. En effet, lorsqu’il se marie à L’Assomption le 17 juin 1833 avec Edwidge Vaillant, il déclare ne pas savoir signer. Il fait de même, le 5 février 1835, lors du baptême de sa filleule (et plus tard sa fille adoptive), Marie-Hedwidge Bourgeau, fille de son frère Antoine Bourgeau, menuisier, et de Sophie Beaudoin de Saint-Paul-de-Lavaltrie. Toutefois, un fait demeure, le 19 mars 1842, Victor Bourgeau, maître-menuisier, signe un contrat d’achat d’un immeuble avec Louis-Joseph Papineau; il sait donc écrire et sa carrière peut alors prendre son envol. Sa carrière d’architecte est vraiment lancée en 1851 lorsque l’on lui confie le mandat de concevoir les plans de l’église Saint-Pierre-Apôtre à Montréal pour servir aux Pères Oblats de Marie Immaculée. Bourgeau va également dessiner les autels de cette église. Après les éloges reçus pour cette belle construction (inaugurée le 26 juin 1853), Victor Bourgeau va devenir un architecte très en demande d’autant plus qu’il est fortement recommandé par Mgr Ignace Bourget.
Architecte prolifique, il conçoit, de 1850 à son décès en 1888, les plans ou l’ornementation de dizaines d’églises, de chapelles, de presbytères et de couvents, principalement dans la région de Montréal. Parmi ses grandes réalisations, il faut souligner la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde à Montréal et l’intérieur de l’église Notre-Dame visitée par des milliers de touristes. L’église actuelle de Lavaltrie a aussi été construite en 1869 selon les plans de Bourgeau. À vrai dire, une grande partie du patrimoine religieux montréalais est l’œuvre de cet autodidacte génial.
Le 25 août 1949, le comité exécutif de la Ville de Montréal décide de commémorer la mémoire du grand architecte Bourgeau en désignant « Place Victor-Bourgeau » le carré situé au coin des rues Sherbrooke et Valois en face du Cégep Maisonneuve. Une avenue Victor-Bourgeau rappelle aussi, à Lavaltrie, le souvenir de ce grand personnage originaire de cette ville. Des rues Victor-Bourgeau se retrouvent aussi dans plusieurs autres municipalités : L’Assomption, Boucherville, Varennes, Saint-Jean-sur-Richelieu.
1810 (10 septembre)
Décès de Pierre-Paul Margane de Lavaltrie dans son manoir de Lavaltrie à l’âge de 67 ans. Il est inhumé dans l’église sous le banc seigneurial, côté de l’épître, le 13 septembre 1810. La Gazette de Québec fait l’éloge de Pierre-Paul Margane de Lavaltrie dans son édition du 20 septembre 1810. Il est le premier de cette famille seigneuriale à se faire inhumer à Lavaltrie.
Il semble avoir été un très bon administrateur si l’on en croit ce qui est écrit dans le Dictionnaire biographique du Canada :
« Lorsqu’il était devenu seigneur, la population de Lavaltrie ne se chiffrait qu’à 327 âmes; mais vers 1810, elle avait grimpé à plus d’un millier d’habitants et celle de la paroisse Saint-Paul, fondée au milieu des années 1780, en comptait plus de 2 500. Dotée d’un très bon réseau routier, la seigneurie produisait alors du blé et d’autres céréales ainsi que du foin en abondance; elle recelait aussi une des forêts du Bas-Canda les plus riches en différents bois de construction. »
1813 (27 septembre)
Mariage à Lavaltrie de Marie-Charlotte de Lanaudière, fille de Charles-Gaspard Tarieu de Lanaudière et de Suzanne-Antoinette Margane de Lavaltrie, avec le notaire Barthélemy Joliette. Ce dernier fondera le Village d’Industrie sur la partie de la seigneurie de Lavaltrie dont héritera son épouse. Ce village deviendra en 1864 la Ville de Joliette.
1830 (9 septembre)
Naissance à Lavaltrie d’Antoine Giguère, fils de Claude Giguère, vétéran de la Guerre de 1812, et de Marie Leroux. La sœur d’Antoine Giguère, Charlotte, épouse Isaac Benoît à Lavaltrie le 17 février 1840. Antoine Giguère étudie au Collège de l’Assomption (1845-1852; 13e cours). Devenu prêtre le 20 novembre 1856, il est de deuxième curé de SaintAgathe-des-Monts (1862-1869), où il fait construire une première église et un presbytère, ainsi que le premier curé de Saint-Étienne (1869-1885), comté de Beauharnois, où il décède le 27 janvier 1885. Il est inhumé sous le chœur de l’église de Saint-Étienne.
1839 (1er septembre)
Naissance à Lavaltrie d’Anselme Labrecque, fils de Pierre Labrecque et de Françoise Hétu. Dès sa quinzième année, il vient s’établir à Montréal où il est pendant plus de
quarante ans négociant-épicier en gros. Son nom est associé à l’une des premières loteries provinciales. En effet, lorsqu’au mois de juin 1890 la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal est autorisée à organiser la « loterie de la Province de Québec » pour financer la construction du Monument National, elle en confie l’administration à Anselme Labrecque et au notaire Henri-Alexandre Abdon Breault. Anselme Labrecque a épousé le 19 avril 1869, en la cathédrale de Montréal, Marie-Emma Moreau, sœur du Chanoine Moreau, et en secondes noces Flore-Henriette Leclair, fille de Grégoire Leclair et veuve d’Arthur Chalut, le 17 novembre 1887 en l’église Saint-Jacques. Il décède à Montréal le 3 décembre 1904 et ses funérailles ont lieu le mardi suivant en l’église Saint-Jacques, soit le 6 décembre; l’inhumation a lieu au cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Trois enfants lui ont survécu : une fille devenue religieuse et ses deux fils Edmond et Joseph.
1851 (4 septembre)
Naissance de Pierre Pelletier, fils de François Pelletier et de Sophie Morin. Il étudie au Collège de l’Assomption (1866-1874; 34e cours). Ordonné prêtre le 24 août 1878, il est notamment vicaire à Saint-Jérôme sous le curé Labelle (1878-1891), puis curé à Lachenaie (1891-1893), à Saint-Félix de Valois (1893 à juillet 1905) et à Berthier (1905-1921). Il est nommé chanoine titulaire de la Cathédrale de Joliette le 4 mars 1919. Clovis Rondeau, dans Saint-Félix de Valois (Montréal, société des Missions-Étrangères, 1953, p.163) a ainsi décrit le chanoine Pelletier : « Grosse figure picotée comme un moule à plomb, respirant la roideur, il avait de plus une voix de stentor. Il savait s’en servir au besoin, surtout pour apeurer certaines dames ou demoiselles auxquelles il désirait adresser des reproches. C’était une habitude chez lui de crier dans le presbytère à propos de tout et à propos de rien. C’était comme un besoin, un sport. Cherchait-il un objet qu’il ne pouvait retrouver, renversait-il son encrier, la maison retentissait de ses cris ». Devenu aveugle, le chanoine Pelletier se retire en 1921 au Collège de l’Assomption où il décède le 8 août 1924 et est inhumé dans la crypte de cette institution.
1851 (20 septembre)
Naissance à Lavaltrie d’Henri St-Pierre qui est baptisé le 21 septembre 1851 sous les prénoms de « Joseph Henry ». Il est le fils de Jean-Baptiste Cadron dit St-Pierre, cultivateur, et d’Émélie Brien dit Durocher. Henri St-Pierre est donc l’oncle de Télesphore Saint-Pierre. Après avoir suivi un cours commercial à L’Assomption, il vient s’établir à Montréal où il travaille pour Nazaire Dupuis. En 1874, il ouvre un magasin sur la rue Sainte-Catherine qui connaît certaines difficultés financières. En 1884, il entre dans la société Brodeur et St-Pierre, marchands de machines à coudre, qui s’étend graduellement aux meubles et aux pianos. En 1896, il quitte la société pour accepter la position de gérant de la Société Co-opérative des Frais funéraires, dont il est le véritable fondateur. Deux ans plus tard, il donne sa démission et se remet dans le commerce des meubles sur la rue Ontario. Quelques mois plus tard, il acquiert une boulangerie. Il épouse en novembre 1874 délia (Marie-Dalila) St-Pierre, sa cousine, et est père de neuf enfants mais une seule fille nommée Éva va survivre. Henri St-Pierre, marchand, décède le 23 août 1906 dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Montréal, mais son acte de sépulture se trouve, en date du 25 août 1906, dans les registres de la paroisse Notre-Dame. Son épouse, Délia St-Pierre, est inhumée le 13 février 1929 dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges.
1870 (25 septembre)
Naissance à Lavaltrie de Louis-Joseph-Siméon Morin, fils d’Octave Morin et de Marguerite Charland. Il étudie au Collège de Montréal (1884-1890). Il poursuit ses études à la Faculté de droit de la Succursale de l’Université Laval à Montréal où il obtient d’abord un baccalauréat en droit en 1896 et une licence en droit en 1902. Devenu avocat, il sera professeur de droit criminel à la Faculté de droit de la Succursale de l’Université Laval (qui deviendra l’Université de Montréal en 1920) pendant vingt-quatre ans, soit de 1906 à 1930. Il exerce sa profession d’avocat avec Louis-Olivier Taillon, ancien premier ministre du Québec, jusqu’au mois d’avril 1923. Il est nommé conseiller du Roi (c.r.) en 1910. Il est conseiller juridique de la Cité de Maisonneuve de 1899 à 1917 et trésorier du Barreau de Montréal en 1911. Me Morin épouse à Montréal le 7 janvier 1899 Auréa Desjardins, fille du Sénateur Alphonse Desjardins, ancien ministre fédéral et maire de Montréal en 1893-1894. L.-J.-S. Morin décède à Montréal le 3 juillet 1938 et est inhumé le 6 juillet 1938 dans le cimetière de Lavaltrie près du magnifique monument qu’il avait fait ériger à la mémoire de son oncle, l’honorable Louis-Siméon Morin. Toutefois, un peu plus de deux ans plus tard, soit le 31 octobre 1940, les restes de Louis-Joseph-Siméon sont exhumés pour être transportés dans un terrain au cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Son épouse, Auréa Desjardins, décède le 16 avril 1969. Elle est la mère de trois fils : Louis-Joseph Morin et Jean Morin (1904-1970) qui devinrent avocat et le Dr Paul Morin (1902-1987) qui fut un spécialiste des maladies cardiaques.
Source: « LE LAVALTRIE D’AUTREFOIS » (1665-1972) CHRONOLOGIE HISTORIQUE ET PHOTOS ANCIENNES
par Me JEAN HÉTU, Ad. E. Président de la Société d’histoire et du patrimoine de Lavaltrie.