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Lucien Benoit (1850-1936)

Joseph Lucien Anaclet Benoit est né le 10 juillet 1850 et fut baptisé le 13 juillet dans la paroisse Sainte-Trinité de Contrecoeur. Il est le fils d’Isaac Benoit, premier instituteur de Lavaltrie (voir sa biographie), et de Charlotte Giguère. Lucien Benoit sera connu principalement comme un sculpteur et travaillera à l’ornementation de plusieurs églises. Mais toute sa vie il gardera le souvenir de son voyage à Rome en 1870 pour servir comme zouave dans l’armée du Pie IX. Lucien Benoit n’avait que huit ans lorsqu’il perdit sa mère le 12 septembre 1858. Après des études primaires dans les écoles de Lavaltrie, il va vite se découvrir de grandes dispositions pour la sculpture. En effet, Lucien Benoît va être reconnu comme un «décorateur spécialisé en sculpture, dorure, peinture, autels, stations de la croix, dessins, plans et autres travaux destinés aux églises ». Il commença à s’initier à la sculpture vers l’âge de 17 ans dans l’atelier de J. B. Mesnard de Montréal. À peine son apprentissage commencé, le jeune Benoit répondit à l’appel de Mgr Ignace Bourget pour la défense des États pontificaux contre les troupes de Garibaldi qui voulait unifier l’Italie et s’engagea, le 8 septembre 1870, avec le dernier groupe de zouaves canadiens qui partaient pour Rome. Mais sa participation n’a certainement pu être très importante puisque les zouaves déposèrent les armes le 21 septembre 1870 avec la reddition du Pape. Benoit revient donc à Montréal avec son bataillon qui est malgré tout acclamé par la population. Cette expérience comme « zouave pontifical » (matricule 10863) le marquera à jamais. D’ailleurs, nous le retrouvons sur sa carte mortuaire avec son costume de zouave. Le nom de Lucien Benoit est aujourd’hui inscrit sur les tablettes de marbre conservées dans la Basilique-Cathédrale Marie Reine-du-Monde de Montréal pour rappeler le souvenir de ceux qui prirent part dès 1868 à cette épopée mystique. En 1899, une Association des zouaves du Québec fut d’ailleurs créée sous forme d’un régiment arborant l’uniforme et les armes de 1868 et leurs sorties publiques furent toujours très remarquées. Il est même arrivé que les anciens zouaves se rendent au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, dans le cadre de leur pèlerinage annuel, pour honorer la tombe de leur camarade Lucien Benoit du 6e détachement qui fut un membre actif de leur association. Un de ses petits-fils nous a déjà raconté qu’il aimait visiter son grand-père Benoit le vendredi puisque, en tant qu’ancien zouave, il avait le droit avec ses invités de manger de la viande alors que c’était interdit pour les autres catholiques. En effet, à défaut de pouvoir payer ses soldats, le Pape leur avait attribué le privilège de manger « gras » le vendredi. C’est après son retour de Rome que Lucien Benoit reprit son métier auprès de Charles Dauphin, sculpteur de la rue Saint-Denis à Montréal. Quatre ans plus tard, il entre au service de Napoléon Bourassa, artiste-peintre. Ce dernier lui confie la sculpture et la dorure de la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, située sur la rue Sainte-Catherine à Montréal. Le journal La Minerve (22 juin 1880, p. 2) écrit au sujet de cette chapelle : « à droite et à gauche sont des bancs sculptés que l’on peut examiner avec attention et qui sont dignes d’une mention spéciale, ils ont été ouvragés avec le plus grand soin par M. Benoit, qui est un sculpteur d’un grand talent ». En 1880, il ouvre à son compte un atelier de sculpture sur la rue Amherst et fonde, vers 1884, une manufacture de portes et fenêtres au carré Papineau.

Durant sa carrière, Lucien Benoit fut appelé à exécuter de nombreux travaux de sculpture, de menuiserie et de dorure dans un très grand nombre d’églises et il n’est pas facile d’en faire un inventaire exhaustif. Dans Souvenir Maisonneuve. Esquisse historique de la Ville de Montréal publié en 1894, on mentionne qu’il avait fait des travaux à l’intérieur des églises de : Saint-Léonard, Sainte-Thérèse, Pembroke, Joliette, Sacré-Coeur d’Ottawa et qu’il s’occupe alors de travaux dans la Cathédrale de Montréal. Tout nous porte à croire qu’il a également travaillé dans les églises suivantes : Stottsville (confessionnal,, chaire, maître-autel, autel de sacristie), L’Épiphanie (chaire, maître-autel, table de communion), Sainte-Angèle (chaire et intérieur), Saint-Jean-Baptiste de Montréal (maître-autel), Notre-Dame de Bonsecours, Saint-Anselme (ameublement), Saint-Paul de l’Île-aux-Noix (maître-autel), Papineauville (ameublement), Saint-Gabriel de Brandon (maître-autel), Sainte-Martine (maître-autel), Saint-Joseph de Chambly (les autels), Saint-Faustin (maître-autel), Pierrefonds, Gatineau (1902), chapelle des Soeurs Grises de Montréal (maître-autel), chapelle du Collège de Sainte-Thérèse (autels latéraux). Selon l’abbé François Lanoue, Lucien Benoit aurait participé, dans la région de Joliette-De Lanaudière, à la décoration de l’église de Saint-Cuthbert, de la chapelle Saint-Joseph de Joliette (le maître-autel) et sculpté les autels, la voûte et la chaire de Saint-Félix de Valois (1882-1895). Il serait aussi l’auteur du maître-autel et de la chaire (1894) et des petits autels, de la balustrade et du trône de l’évêque (1906) de la Cathédrale de Joliette, ainsi que des consoles à Saint-Roch-de-l’Achigan (1896). Le sénateur Serge Joyal attribue également à Benoit les trois autels, la chaire et le catafalque de l’église de Sainte-Julienne (1916-1917), tout comme les trois autels de l’église de Lanoraie construite en 1917 et incendiée en 1932. Il ne faut pas non plus oublier de mentionner que Benoit était l’auteur des trois autels installés dans l’église de Lavaltrie au début de septembre 1898 comme la rapporté le journal La Minerve, le 10 septembre 1898 (p. 6).

Après le décès de son épouse Albina Bourdon (fille de François-Xavier Bourdon et de Sophie Pelletier) survenu le 28 septembre 1924 et qu’il avait épousé à Lavaltrie le 24 février 1873, Lucien Benoit met fin à sa carrière de sculpteur et transforme son atelier du 226 de la rue Saint-Timothée à Montréal en logement. Il passe les dernières années de sa vie soit chez sa fille Jeanne, soit à sa maison de campagne de Lavaltrie où il décède le 14 septembre 1936 à l’âge de 86 ans et 2 mois. Ses funérailles ont lien à Montréal en l’église du Saint-Nom-de-Jésus de Maisonneuve le jeudi 17 septembre. Son corps est inhumé au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges (section P, lot 01182). De son mariage avec Albina Bourdon, il avait eu onze enfants, quatre garçons et sept filles. Ce sont : Joseph Antoine Lucien (1874-1916), Marie Constance Graziella (1876-1951), Marie Ephiginie Bernadette (1878-1881), Joseph Alfred Dioscore (1880-1951), Joseph François Alcibiade (1883-1958), Marie Elizabeth Gabrielle (1885-1888), Marie Albina Berthe (1886-1967), Marie Josephine Eglantine (1888-1970), Marie Celina Yvonne Ludovina (1890-1890), Joseph Rodolphe Albert (1891-1891), et Marie Wivine (ou Wolvine) Eva Jeanne (1893-1970). Enfin, soulignons que sa magnifique résidence de la rue Notre-Dame à Lavaltrie qu’il avait fait construire vers 1895 fut acquise par la Ville pour en faire «La Maison des contes et légendes».

Me Jean Hétu, Ad. E.