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Septembre 2019

LA PETITE ÉCOLE DU RANG

     Pendant presque un siècle, soit de 1840 à 1940 environ, le système scolaire du Québec reposait en bonne partie sur un chapelet de petites écoles. Elles florissaient dans tous les recoins de la campagne.

     Ces écoles qu’on appelait « écoles de rang » se ressemblaient comme des sœurs jumelles. On aurait dit qu’elles avaient toutes été construites par le même entrepreneur.

     D’abord, elles étaient très petites. Surtout, si on les compare à nos gigantesques polyvalentes d’aujourd’hui. Au total, elles pouvaient accueillir une trentaine d’élèves répartis sur sept divisions.

     La petite école de rang se présentait comme un bâtiment plutôt carré, doté de plusieurs grandes fenêtres à carreaux et dont le toit comportait un petit clocheton abritant la fameuse cloche qui mettait fin aux récréations.

     À l’intérieur, on retrouvait généralement deux pièces. La première, la plus spacieuse et la plus fréquentée était la salle de cours. La deuxième, située vers l’arrière du bâtiment servait de logis à la maîtresse d’école. À cette époque, l’enseignant ou l’enseignante habitait à l’école et agissait en même temps comme concierge.

      La salle de cours, quant à elle, ne péchait pas par excès de luxe. Elle avait plutôt une allure modeste, presque austère.

     Les pupitres des élèves occupaient le milieu de la pièce. Disposés en rangées bien précises, très souvent vissés au plancher, ces pupitres étaient peu adaptés à la taille des enfants. Les plus jeunes écoliers y semblaient perchés comme sur des échasses et les plus vieux emprisonnés comme dans un vêtement trop petit.

     Sur le devant de la classe, bien au milieu et juché sur une imposante estrade trônait le bureau de la maîtresse. C’est là que cette virtuose de l’éducation dirigeait les différents exercices de la journée.

L’équipement de la salle de cours se complétait d’un grand tableau noir pour exécuter les exercices, d’une horloge, d’un calendrier, de quelques cartes géographiques et d’une série d’images saintes. Question d’inspirer la foi et le respect des élèves.

     Pour chauffer le tout, un poêle massif de fonte noire occupait un coin de la pièce. Pendant les mois d’hiver, les garçons les plus âgés de la classe veillaient à en assurer l’alimentation de façon à maintenir un niveau acceptable de chaleur dans l’école.

 

L’institutrice : une héroïne

     « Seul maître à bord après Dieu », l’institutrice d’antan cumulait toutes les fonctions ou presque que l’on retrouve dans une école moderne. C’était une femme orchestre. Elle en était la directrice; elle enseignait toutes les matières à toutes les classes de la première à la septième.

     Il faut avouer qu’à cette époque les méthodes pédagogiques contrastaient beaucoup avec celles d’aujourd’hui. Autrefois, la discipline était très sévère et l’autorité très respectée.  

      Dès le début des classes, le matin jusqu’à la fin de la journée, les travaux scolaires suivaient un plan très précis d’exercices, d’écriture, d’analyse, de lecture, de calcul, de récitation, etc. Les travaux étaient menés rondement à coup de sonnettes pour en marquer le début et la fin.

      L’institutrice tenait ainsi ses élèves en haleine car elle ne savait jamais quand monsieur l’inspecteur passerait pour mettre à l’épreuve les connaissances de ses pupilles.

      L’inspecteur d’école était souvent un ancien professeur, plutôt âgé, que les commissions scolaires du temps engageaient pour s’assurer que les élèves recevaient une instruction adéquate.

     Afin de se faire une opinion, l’inspecteur visitait tout au long de l’année les écoles et faisait subir aux élèves différents examens.

     Même si la visite de ce personnage était toujours attendue avec un peu de trac, elle avait aussi ses bons côtés. En effet, lorsque les élèves avaient bien répondu aux questions du visiteur, ils avaient droit à un congé d’une journée. Annonce que les jeunes s’empressaient d’applaudir à tout rompre.

Extrait de « Les coutumes de nos ancêtres », auteur Yvon Desautels,
autorisé par l’éditeur Éditions Paulines, 1984/médiaspaul