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AVRIL

Le premier avril
« Le poisson d’avril »

En 1564, le roi Charles IX de France prend une grave décision qui va en quelque sorte changer le cours de l’histoire. Il proclame que désormais l’année commencera le 1er janvier et non le 1er avril comme avant. Désormais, plus d’étrennes ce jour-là. C’est ce grand chambardement qui va amener l’apparition du poisson d’avril.

En effet, pour taquiner tout spécialement les gens mis de mauvaise humeur par ce changement, on commence à leur offrir des simulacres de cadeaux qui dégénèrent bientôt en farces et blagues de toutes sortes. Ce sont ces farces qu’on baptisera « poissons d’avril ». D’ailleurs le mois d’avril est à la fois celui où le soleil quitte le signe zodiacal des Poissons et également celui de l’ouverture de la pêche.

Dans les années qui suivirent, les plaisanteries les plus farfelues se mirent à circuler. Le jour du 1er avril, on chargeait, entre autres, enfants, commis de magasins … de courses très saugrenues. On leur demandait avec le plus grand sérieux du monde d’aller chercher une corde à attacher le vent, un brochet sans arêtes, de l’esprit en bouteille, des œufs carrés.

Nos ancêtres étant de culture française, la coutume du poisson d’avril se perpétua en Nouvelle-France et connut ici autant de succès qu’ailleurs.

Le 1er avril 1749, voici comment la petite fille de madame Claude-Michel Bégon de Québec s’en donna à cœur joie: « Notre chère petite fille n’a, je crois, point dormi de la nuit pour être plus tôt levée pour faire courir le poisson d’avril à quelqu’un. Je n’ai pu m’empêcher de rire de l’avoir vue, avec un air grave, dire à la bonne qu’il y avait un homme bien matinal qui la demandait. Elle est sortie aussitôt; tu penses bien les cris de joie et les sauts qu’elle a faits. Elle a passé sa matinée à cela, sans avoir la force de prendre assez de gravité pour la faire finir. Il faut bien qu’elle se divertisse un peu: sans en avoir envie ni de raison, je ne puis condamner ceux qui le font et surtout à son âge … ».

Célébration encore vivante!

Au siècle dernier, cette célébration avait pris des proportions inégalées. On rivalisait d’imagination pour mettre au point le scénario qui prendrait, qui le curé, qui son voisin, qui son député, qui sa femme, qui le maître d’école. Certains se mettaient à la tâche dès le début du mois de mars.

Selon madame Marie Larouche-Lajoie, née en 1898 au Lac Saint-Jean, « il y avait bien des manières de faire courir le poisson d’avril, des choses ridicules, des affaires qui avaient du bon sens, d’autres qui n’avaient ni rime ni bon sens: la corde à virer le vent, par exemple, l’istourde pour débourrer les poignets ».

Certaines années, même les journaux se mettaient de la partie. L’un d’entre eux lança une collecte de noyaux de pêches pour reboiser le Sahara. Un autre annonça un certain 1er avril la découverte d’un arbre capable de produire du spaghetti …

Quand il s’agissait de faire courir le poisson d’avril, les jeunes ne cédaient en rien aux adultes. Ce jour-là, un nombre incroyable de petits poissons de papier apparaissaient à l’école. L’astuce consistait à aller les accrocher en douce dans le dos d’un compagnon. Ou encore, exploit suprême, dans le dos du professeur. Toute la journée, il fallait donc être sur ses gardes et vérifier régulièrement si on ne traînait pas un poisson dans son dos. Il fallait également se méfier des mises en garde du genre « tu perds quelque chose », car au moment même où on vérifiait, on s’entendait dire avec un grand éclat de rire « poisson d’avril ».

Thème et mascotte de cette joyeuse rigolade, le poisson court encore.

Extrait de « Les coutumes de nos ancêtres », auteur Yvon Desautels, ed. 1985, autorisé par Éditions Paulines/Médiaspaul www.mediaspaul.ca

Mais à Lavaltrie on pêche du poisson qui n’est pas un poisson d’avril !!!

 

 

LA FÊTE DE PÂQUES

Comme Pâques était une des plus importantes fêtes religieuses de l’année, nos ancêtres la célébraient avec beaucoup de pompe et de dévotion. Ils le faisaient d’abord en s’y préparant soigneusement. Tout au long du carême, ils observaient à la lettre un jeûne très sévère et suivaient avec beaucoup de piété les cérémonies qui se déroulaient au temple paroissial. Durant la semaine sainte, l’assistance aux « offices » était fort impressionnante. Traditionnellement l’office du Jeudi saint avait lieu vers 6 heures du soir, celui du Vendredi saint vers 3 heures de l’après-midi et celui du Samedi saint vers 11 heures du soir. À chaque jour, la file d’attente devant les confessionnaux s’étirait jusque vers le fond de l’église. En effet, chaque paroissien ayant atteint l’âge de raison, soit 7 ans et plus, était tenu de « faire ses Pâques ». Cela voulait dire se confesser et évidemment communier le jour de Pâques ou dans la huitaine qui suivait.

Fête de la lumière et de la joie!

Les célébrations de la fête de Pâques débutaient très tôt. Pour un certain nombre, elles commençaient dès minuit et un minute, alors qu’à l’église paroissiale la vigile pascale se transformait en une joyeuse célébration de la lumière, symbole de la résurrection et de la pérennité du Christ. Ceux qui s’étaient déplacés pour cette cérémonie nocturne ne rentraient pas chez eux pour aller se coucher. Sur le perron de l’église, ils s’invitaient mutuellement pour aller casser la croûte. Plusieurs d’ente eux veillaient même jusqu’au petit matin, car ils voulaient être les premiers à aller cueillir la fameuse « eau de Pâques ».

Selon la tradition, cette eau avait le pouvoir de guérir les maladies de la peau et de soulager plusieurs indispositions. L’eau de Pâques devait se ramasser avant le lever du soleil, le jour de la Résurrection, dans un ruisseau, un fleuve, une rivière, en fait dans tout ce qu’on appelle de l’eau courante. Pas question d’utiliser l’eau du puits ou de l’étang. Comme l’eau de Pâques avait la propriété de se conserver toute l’année sans se corrompre, les braves qui en faisaient la cueillette s’amenaient avec plusieurs bouteilles qu’ils emplissaient pour ensuite les emporter à la maison. Durant la journée, ils distribuaient le fruit de leur récolte aux parents et aux amis qui n’avaient pu être des leurs.

Toujours selon les anciens, il paraîtrait que les matins de Pâques, il se produisait un phénomène singulier. À son lever, le soleil dansait dans le ciel. Il suffisait d’observer, racontent-ils, le spectacle sur les cloisons et sur les murailles.

Pâques n’aurait certes pas été Pâques, sans la traditionnelle grand-messe de dix heures. Comme pour la messe de minuit, celle-ci rassemblait presque toutes les ouailles de la paroisse. Pratiquement, seuls les malades au lit n’y étaient pas. Débarrassée de ses voiles violets, l’église avait fleuri comme un grand jardin. Un moment en particulier avait l’art d’émouvoir tout le monde. C’est lorsque le célébrant entonnait le Gloria. Soudainement, le chœur qui était resté muet depuis le dimanche des rameaux se déchaînait et répondait : « Et in Terra, Pax hominibus bonae voluntatis« . Au même moment, les cloches de toutes sortes carillonnaient leur joyeuse mélodie. Elles aussi s’étaient tues durant la semaine sainte. On disait à cette époque-là qu’elles étaient parties à Rome.

Une des plus touchantes coutumes de la fête de Pâques avait rapport avec les cloches pascales et les petits enfants qui ne marchaient pas. En effet, ce jour-là les mères mettaient leur jeune enfant sur le plancher afin qu’il essaie ses premiers pas. La tradition voulait que, lorsqu’il entendait les cloches de Pâques, l’enfant qui n’avait pas voulu marcher par lui-même devenait plus hardi et s’élançait sans l’aide de personne.

Lorsque l’Ite Missa Est renvoyait tout le monde chez-soi, les abords de l’église prenaient l’allure d’une kermesse. Surtout si la journée était douce et ensoleillée. On s’attardait sur la grande place pour saluer tous et chacun et pour se souhaiter de joyeuses Pâques.

Une fois les politesses accomplies, on revenait à la maison où un succulent jambon rose occupait le centre de la table familiale. Aiguisé par quarante jours de jeûne, l’appétit ne manquait à personne. On avait droit à tout un banquet.

Extrait de « Les coutumes de nos ancêtres », auteur Yvon Desautels, ed. 1985, autorisé par Éditions Paulines/Médiaspaul www.mediaspaul.ca

Clin d’oeil sur nos traditions…l’eau de Pâques

 

La consécration de l’eau se fait le Samedi saint et les croyants en profitent pour rapporter à la maison des réserves d’eau nouvellement bénite. Devant ce rituel religieux, il n’en faut pas plus pour que la croyance populaire se développe. Par analogie, toutes les eaux mêmes naturelles peuvent être investies de certaines grâces. Associée à la nature qui reprend vie au printemps, l’eau courante qui coule des ruisseaux à Pâques est une eau nouvelle et fraîche; on lui attribue un pouvoir magique de guérison et de protection. Quoi qu’il en soit, la tradition de cueillir de l’eau le matin de Pâques est un trait qui relève davantage de la pratique populaire. 

Pour que cette eau soit efficace, il faut cependant réunir certaines conditions. D’abord, l’eau doit couler à l’année longue et ne doit pas être stagnante. L’eau d’un ruisseau, d’une rivière ou d’une source peut convenir. Il faut la cueillir dès l’aube avant le lever du soleil le dimanche de Pâques. Selon les endroits, la façon de puiser l’eau comporte tout un rituel. Certains la ramassent en silence depuis le lever, d’autres en priant, mais la plupart s’entendent pour qu’elle soit recueillie à contre courant, c’est-à-dire dans le sens inverse d’où elle coule sous peine qu’elle ne se conserve pas. La croyance affirme que cette eau miraculeuse ne se corrompt pas d’une année à l’autre. Tout comme les rameaux et les cierges bénits, l’eau de Pâques semble remplir aux yeux des croyants la fonction de protection contre certaines maladies et certaines catastrophes naturelles. 

Eau de Pâques

Il suffit d’en boire ou d’en asperger les objets. Une fois les bouteilles et les seaux remplis, on en profite pour regarder le soleil se lever. Selon la luminosité du jour, on dit que le matin de Pâques le soleil danse pour souligner la résurrection du Christ. La coutume de cueillir l’eau de Pâques est un rituel en perte de vitesse depuis que la religion est moins importante dans la vie des Québécois. Cette cueillette a été transmise par les ancêtres français de la Bretagne et de la Normandie mais son origine remonte à d’anciens rites païens autour des fêtes du printemps.

Mais attention, boire cette eau comporte des dangers car elle peut contenir des parasites laissés par certains animaux comme le chien, le castor ou le rat musqué. Vaut mieux se contenter de l’asperger que de s’en abreuver!

Sources : RDAQ (réseau de diffusion des archives du Québec), Canalvie.com